| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://nirvanette.vip-blog.com


metaleuse
VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

metaleuse

VIP-Blog de nirvanette
  • 170 articles publiés
  • 77 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 05/05/2005 18:56
    Modifié : 22/06/2005 19:27

    Fille (16 ans)
    Origine : gironde
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Juillet  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    30010203040506
    07080910111213
    14151617181920
    21222324252627
    282930010203
     

    poesie d'un extrait d'elsa

    19/05/2005 22:24

    poesie d'un extrait d'elsa


    Le fou d'Elsa (extrait 2)


    Un espion de Castille franchissant le Djebel Cholaïr As-Sadj parvient au dessus de Grenade

    Ô froide et brûlante à la fois pécheresse au corps de corail
    Ville des Juifs aux mille et trente tours dans tes rouges murailles
    Genoux talés percé d'aiguilles sourd de neige et l'âme en sang
    Je te découvre et tes jardins d'amandiers à l'ombre du Croissant
    Fille de Mahom sous ma robe j'apportais des clous
    Et l'arbre du Vrai Dieu comme la lettre d'un amant jaloux
    Te voilà terre philosophale à mes pieds d'où sort l'orange
    Et j'ai peur maintenant de trop bien comprendre les Mauvais Anges
    Séduit par l'attrait de l'enfer à retrouver l'Andalousie
    Je suis envahi tout à coup par un parfum d'apostasie
    Grenade à chair de violette et de jasmin dont le vent mène
    A moi comme de bains publics une anonyme odeur humaine
    Tel est le désir au ventre que j'ai de toi que je me dis
    Que pour connaître la senteur du bois il faut une incendie
    Et je ne te posséderai jamais autrement pour moi-même
    Je suis l'émissaire d'un Roi chargé de te dire qu'il t'aime
    Qu'il ira de force ou de gré te prendre bientôt dans ses bras
    Te serrer dans ses jambes d'or tant que le ciel en saignera
    Je ne vais pas te raconter ma longue et déplorable histoire
    Et pourquoi je flaire le vent quand je longe tes abattoirs
    Et de qui je suis le jouet Comment je ne m'appartiens plus
    Car ma vie est derrière moi Seul m'obéir m'est dévolu
    Il ne reste rien de ces jours ici qui furent ma jeunesse
    Et l'écuelle est renversée où nul n'a bu le lait d'ânesse
    Je suis le fruit tombé de l'arbre et l'objet de perversion
    Taché talé honni jauni sali séché par le vent noir des passions
    J'ai joué mon ciel et mon sang j'ai brûlé mes jours et mon ombre
    J'ai payé d'une éternité la saison de mes plaisirs sombres
    J'ai roulé l'image de Dieu dans la boue de l'ignominie
    Et dans mon propre cauchemar c'est moi qui moi-même punis
    C'est dans mon miroir que je lis le roman de mes propres crimes
    Devenu mon propre bourreau devenu ma propre victime
    Prisonnier de ce que j'ai fait prisonnier de ce que je fus
    Et chaque pas m'est pour le pire à quoi je n'ai droit au refus
    La calomnie est mon devoir la corruption mon système
    Qui je veux perdre je noirci du fard de mes propres blasphèmes
    Du stupre caché de mes nuits du sang que répandit ma main
    Soldat de cette guerre affreuse où le mal est le seul chemin
    Je suis venu voir ici le défaut des murs les lieux d'échelle
    Et dans l'âme des gens la brèche et l'heure où dort la sentinelle
    Il faut sonder le désespoir frapper où l'homme sonne creux
    Qui tremble perdre sa richesse ou celui qui est malheureux
    Faire lever l'ambition dans les pâtures subalternes
    Semer au créneau l'incrédulité soudoyer la poterne
    J'épongerai l'étoile au ciel je couperai sa gorge au cri
    Et seuls les chevaux remueront vaguement dans les écuries
    Mais vertige de ta beauté quand j'ouvre ta ceinture d'arbres
    Je trahis mon maître et la Croix dans tes cours d'ombrage et de marbre
    Je perds le Dieu de mon baptême à l'eau fraîche de tes vergers
    Sur la musique de mon c?ur il n'est plus que mots étrangers
    Sur les pentes du Cholaïr je suis comme l'infant Sanchol
    Qui rasa sa tête et changea pour Chandja son nom d'Espagnol
    Pour cela nul ne sait quel fruit parricide il avait mordu
    Ni si vraiment c'est pour quelques maravédis qu'il s'est vendu
    Moi c'est une façon de langueur qui corrompt l'air de ma narine
    Mon ombre n'est plus sur mes pas mon c?ur n'est plus dans ma poitrine
    Seigneur mon Dieu pardonnez-moi de vous préférer ce vin doux
    Et le parjure est sur ma langue et je vous renonce à genoux
    Et je frémis comme l'incestueux dans les bras de sa mère
    Car cela ne se peur terminer que dans une terre amère
    La jouissance même est pour lui sa honte et son dénuement
    De quelque côté qu'il se tourne il y trouve son châtiment
    Et je suis pire que celui qui profane sa propre souche
    Moi qui trahis ma trahison et qui mens à ma propre bouche
    En désaccord l'âme et la main par une infâme comédie
    Mêlant la mort et le baiser les péchés et le paradis
    Déjà je vois la gorge à l'air rouler dans d'autres bras la ville
    Et de sa chair il adviendra comme de Cordoue et de Séville
    Où les paroles du Coran se barrent de mots en latin
    Et chaque rue ivre et sanglante est devenue une putain
    Que baisent des soldats heureux proférant des jurons étranges
    Pour qui toute nuit désormais aura le parfum de l'orange
    Ils promèneront avec eux un carnaval de dieux géants
    Et le suaire et la cagoule et le feu pour les mécréants
    Ils installeront leur chenil au seuil des palais almohades
    Et mettront leur linge à sécher sur le visage de Grenade

    Louis Aragon




     

    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact nirvanette ]

    © VIP Blog - Signaler un abus