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metaleuse
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metaleuse

VIP-Blog de nirvanette
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  • Créé le : 05/05/2005 18:56
    Modifié : 22/06/2005 19:27

    Fille (16 ans)
    Origine : gironde
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    poesie

    19/05/2005 22:32

    poesie


    Les Yeux d'Elsa


    Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
    J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
    S'y jeter à mourir tous les désespérés
    Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

    À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
    Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
    L'été taille la nue au tablier des anges
    Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

    Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
    Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
    Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
    Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

    Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
    Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
    Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
    L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

    Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
    Par où se reproduit le miracle des Rois
    Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
    Le manteau de Marie accroché dans la crèche

    Une bouche suffit au mois de Mai des mots
    Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
    Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
    Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

    L'enfant accaparé par les belles images
    Écarquille les siens moins démesurément
    Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
    On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

    Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
    Des insectes défont leurs amours violentes
    Je suis pris au filet des étoiles filantes
    Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

    J'ai retiré ce radium de la pechblende
    Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
    Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
    Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

    Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
    Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
    Moi je voyais briller au-dessus de la mer
    Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

    Louis Aragon




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:32

    poesie


    Vers à danser


    Que ce soit dimanche ou lundi
    Soir ou matin minuit midi
    Dans l'enfer ou le paradis
    Les amours aux amours ressemblent
    C'était hier que je t'ai dit
    Nous dormirons ensemble

    C'était hier et c'est demain
    Je n'ai plus que toi de chemin
    J'ai mis mon coeur entre tes mains
    Avec le tien comme il va l'amble
    Tout ce qu'il a de temps humain
    Nous dormirons ensemble

    Mon amour ce qui fut sera
    Le ciel est sur nous comme un drap
    J'ai refermé sur toi mes bras
    Et tant je t'aime que j'en tremble
    Aussi longtemps que tu voudras
    Nous dormirons ensemble

    Louis Aragon (Le fou d'Elsa)




     

     

    po......

    19/05/2005 22:31

    po......


    Plainte pour le quatrième centenaire d'un amour


    L'amour survit aux revers de nos armes
    Linceul d'amour à minuit se découd
    Les diamants naissent au fond des larmes
    L'avril encore éclaire l'époque où
    S'étend sur nous cette ombre aux pieds d'argile
    Jeunesse peut rêver la corde au cou
    Elle oublia Charles-Quint pour Virgile
    Les temps troublés se ressemblent beaucoup
    Abandonnant le casque et la cantine
    Ces jeunes gens qui n'ont jamais souri
    L'esprit jaloux des paroles latines
    Qu'ont-ils appris qu'ils n'auront désappris
    Ces deux enfants dans les buissons de France
    Ressemblent l'Ange et la Vierge Marie
    Il sait par coeur Tite-Live et Térence
    Quand elle chante on dirait qu'elle prie
    Je l'imagine Elle a les yeux noisette
    Je les aurai pour moi bleus préférés
    Mais ses cheveux sont roux comme vous êtes
    O mes cheveux adorés et dorés
    Je vois la Saône et le Rhône s'éprendre
    Elle de lui comme eux deux séparés
    Il la regarde et le soleil descendre
    Elle a seize ans et n'a jamais pleuré
    Les bras puissants de ces eaux qui se mêlent
    C'est cet amour qu'ils ne connaissent pas
    Qu'ils rêvaient tous deux Olivier comme Elle
    Lui qu'un faux amour à Cahors trompa
    Vêtu de noir comme aux temps d'aventure
    Les paladins fiancés aux trépas
    Ceux qui portaient à la table d'Arthur
    Le deuil d'aimer sans refermer leurs bras
    Quel étrange nom la Belle Cordière
    Sa bouche est rouge et son corps enfantin
    Elle était blanche ainsi que le matin
    Lyon Lyon n'écoute pas la Saône
    Trop de noyés sont assis au festin
    Ah que ces eaux sont boueuses et jaunes
    Comment pourrais-je y lire mon destin
    Je chanterai cet amour de Loyse
    Qui fut soldat comme Jeanne à seize ans
    Dans ce décor qu'un regard dépayse
    Qui défera ses cheveux alezan
    Elle avait peur que la nuit fût trop claire
    Elle avait peur que le vin fût grisant
    Elle avait peur surtout de lui déplaire
    Sur la colline où fuyaient les faisans
    N'aimes tu pas le velours des mensonges
    Il est des fleurs que l'on appelle pensées
    J'en ai cueilli qui poussaient dans mes songes
    J'en ai pour toi des couronnes tressé
    Ils sont entrés dans la chapelle peinte
    Et sacrilège il allait l'embrasser
    La foudre éclate et brûle aux yeux la sainte
    Le toit se fend les murs sont renversés
    Ce coup du ciel à jamais les sépare
    Rien ne refleurira ces murs noircis
    Et dans nos coeurs percés de part en part
    Qui sarclera les fleurs de la merci
    Ces fleurs couleurs de Saône au coeur de l'homme
    Ce sont les fleurs qu'on appelle soucis
    Olivier de Magny se rend à Rome
    Et Loyse Labé demeure ici
    Quatre cents ans les amants attendirent
    Comme pêcheurs à prendre le poisson
    Quatre cents ans et je reviens leur dire
    Rien n'est changé ni nos coeurs ne le sont
    C'est toujours l'ombre et toujours la mal'heure
    Sur les chemins déserts où nous passons
    France et l'Amour les mêmes larmes pleurent
    Rien ne finit jamais par des chansons

    Louis Aragon




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:30

    poesie


    Est-ce ainsi que les hommes vivent (adaptation de Léo Ferré)


    Tout est affaire de décor
    Changer de lit changer de corps
    À quoi bon puisque c'est encore
    Moi qui moi-même me trahis
    Moi qui me traîne et m'éparpille
    Et mon ombre se déshabille
    Dans les bras semblables des filles
    Où j'ai cru trouver un pays.

    Coeur léger coeur changeant coeur lourd
    Le temps de rêver est bien court
    Que faut-il faire de mes jours
    Que faut-il faire de mes nuits
    Je n'avais amour ni demeure
    Nulle part où je vive ou meure
    Je passais comme la rumeur
    Je m'endormais comme le bruit.

    C'était un temps déraisonnable
    On avait mis les morts à table
    On faisait des châteaux de sable
    On prenait les loups pour des chiens
    Tout changeait de pôle et d'épaule
    La pièce était-elle ou non drôle
    Moi si j'y tenais mal mon rôle
    C'était de n'y comprendre rien

    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent

    Dans le quartier Hohenzollern
    Entre La Sarre et les casernes
    Comme les fleurs de la luzerne
    Fleurissaient les seins de Lola
    Elle avait un coeur d'hirondelle
    Sur le canapé du bordel
    Je venais m'allonger près d'elle
    Dans les hoquets du pianola.

    Le ciel était gris de nuages
    Il y volait des oies sauvages
    Qui criaient la mort au passage
    Au-dessus des maisons des quais
    Je les voyais par la fenêtre
    Leur chant triste entrait dans mon être
    Et je croyais y reconnaître
    Du Rainer Maria Rilke.

    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent.

    Elle était brune elle était blanche
    Ses cheveux tombaient sur ses hanches
    Et la semaine et le dimanche
    Elle ouvrait à tous ses bras nus
    Elle avait des yeux de faïence
    Elle travaillait avec vaillance
    Pour un artilleur de Mayence
    Qui n'en est jamais revenu.

    Il est d'autres soldats en ville
    Et la nuit montent les civils
    Remets du rimmel à tes cils
    Lola qui t'en iras bientôt
    Encore un verre de liqueur
    Ce fut en avril à cinq heures
    Au petit jour que dans ton coeur
    Un dragon plongea son couteau

    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent.

    Louis Aragon, (interprétation de Léo Ferré)




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:29

    poesie


    J'arrive où je suis étranger


    Rien n'est précaire comme vivre
    Rien comme être n'est passager
    C'est un peu fondre comme le givre
    Et pour le vent être léger
    J'arrive où je suis étranger

    Un jour tu passes la frontière
    D'où viens-tu mais où vas-tu donc
    Demain qu'importe et qu'importe hier
    Le coeur change avec le chardon
    Tout est sans rime ni pardon

    Passe ton doigt là sur ta tempe
    Touche l'enfance de tes yeux
    Mieux vaut laisser basses les lampes
    La nuit plus longtemps nous va mieux
    C'est le grand jour qui se fait vieux

    Les arbres sont beaux en automne
    Mais l'enfant qu'est-il devenu
    Je me regarde et je m'étonne
    De ce voyageur inconnu
    De son visage et ses pieds nus

    Peu a peu tu te fais silence
    Mais pas assez vite pourtant
    Pour ne sentir ta dissemblance
    Et sur le toi-même d'antan
    Tomber la poussière du temps

    C'est long vieillir au bout du compte
    Le sable en fuit entre nos doigts
    C'est comme une eau froide qui monte
    C'est comme une honte qui croît
    Un cuir à crier qu'on corroie

    C'est long d'être un homme une chose
    C'est long de renoncer à tout
    Et sens-tu les métamorphoses
    Qui se font au-dedans de nous
    Lentement plier nos genoux

    O mer amère ô mer profonde
    Quelle est l'heure de tes marées
    Combien faut-il d'années-secondes
    A l'homme pour l'homme abjurer
    Pourquoi pourquoi ces simagrées

    Rien n'est précaire comme vivre
    Rien comme être n'est passager
    C'est un peu fondre comme le givre
    Et pour le vent être léger
    J'arrive où je suis étranger

    Louis Aragon




     

     

    extrait d'elsa

    19/05/2005 22:28

    extrait d'elsa


    Extrait du recueil "Elsa"


    Tandis que je parlais le langage des vers
    Elle s'est doucement tendrement endormie
    Comme une maison d'ombre au creux de notre vie
    Une lampe baissée au coeur des myrtes verts

    Sa joue a retrouvé le printemps du repos
    O corps sans poids pose dans un songe de toile
    Ciel formé de ses yeux à l'heure des étoiles
    Un jeune sang l'habite au couvert de sa peau

    La voila qui reprend le versant de ses fables
    Dieu sait obéissant à quels lointains signaux
    Et c'est toujours le bal la neige les traîneaux
    Elle a rejoint la nuit dans ses bras adorables

    Je vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
    Qu'elle reste pareille aux marches du silence
    Qui m'échappe pourtant de toute son enfance
    Dans ce pays secret à mes pas interdit

    Je te supplie amour au nom de nous ensemble
    De ma suppliciante et folle jalousie
    Ne t'en va pas trop loin sur la pente choisie
    Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble

    J'ai peur éperdument du sommeil de tes yeux
    Je me ronge le coeur de ce coeur que j'écoute
    Amour arrête-toi dans ton rêve et ta route
    Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleux

    Louis Aragon




     

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