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metaleuse

VIP-Blog de nirvanette
  • 170 articles publiés
  • 77 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 05/05/2005 18:56
    Modifié : 22/06/2005 19:27

    Fille (16 ans)
    Origine : gironde
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    poesie

    19/05/2005 22:35

    poesie


    L'amour et le crâne


    L'amour est assis sur le crâne

    De l'Humanité
    et sur ce trône le profane,
    Au rire effronté,

    Souffle gaiement des bulles rondes

    Qui montent dans l'air,
    Comme pour rejoindre les mondes
    Au fond de l'éther.

    Le globe lumineux et frêle

    Prend un grand essor,
    Crève et crache son âme grêle
    Comme un songe d'or.

    J'entends le crâne à chaque bulle

    Prier et gémir :
    - "Ce jeu féroce et ridicule,
    Quand doit-il finir ?

    Car ce que ta bouche cruelle

    Eparpille en l'air,

    Monstre assassin, c'est ma cervelle,

    Mon sang et ma chair !"

    Charles Baudelaire




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:34

    poesie


    L'Albatros


    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à coté d'eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

    Le Poête est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

    Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:34

    poesie


    La reconnaissance du gamin


    Un jeudi gras, vers les trois heures après midi, flânant sur les boulevards de Paris, j'aperçus au coin du faubourg Poissonnière, au milieu de la foule, une de ces petites figures enfantines dont l'artiste peut seul deviner la sauvage poésie. C' était un gamin, mais un vrai gamin de Paris ! .... Cheveux rougeâtres bien ébouriffés, roulés en boucle d'un côté, aplatis ça et là, blanchis par du plâtre, souillés de boue, et gardant encore l'empreinte des doigts crochus du gamin robuste avec lequel il venait peut-être de se battre; puis, un nez qui n'avait jamais connu de pacte avec les vanités mondaines du mouchoir,un nez dont les doigts faisaient seuls la police ; mais aussi une bouche fraîche et gracieuse, des dents d'une blancheur éblouissantes; sur la peau, des tons de chair vigoureux, blanc et bruns, admirablement nuancés de rouge. Ses yeux, pétillants dans l'occasion, étaient mornes, tristes et fortement cernés. Les paupières, fournies de beaux cils bien recourbés, avaient un charme indéfinissable... Ô enfance ! ....

    Vêtu à la diable, insouciant d'une pluie fine qui tombait, assis sur une borne froide et laissant pendre ses pieds imparfaitement couverts d'une chaussure découpée comme le panneton d'une clé, il était là ne criant plus:-- 'A la chienlit ! ... lit !.. lit ! ...., reniflant sans cérémonie. Pensif comme une femme trompée, on eût dit qu'il se trouvait là -- chez lui. Ses jolies mains, dont les ongles roses étaient bordés de noir, avaient une crasse presque huileuse... Une chemise brune, dont le col, irrégulièrement tiré, entourait sa tête, comme d'une frange, permettait de voir une poitrine aussi blanche que celle de la danseuse la plus fraîche figurant dans un bal du grand monde...

    Il regardait passer les enfants de son âge ; et toutes les fois qu'un petit bourgeois habillé en lancier, en troubadour, ou vêtu d'une jaquette, se montrait armé de la batte obligée, sur laquelle était un rat de craie... Oh ! alors... les yeux du gamin s'allumaient de tous les feux du désir !... L'enfance est-elle naïve ? me disais-je. Elle ne sait pas taire ses passions vives, ses craintes, ses espérances d'un jour !...

    Je m'amusai pendant quelques minutes de la concupiscence du gamin. Oh ! oui; c'était bien une batte qu'il souhaitait. Sa journée avait été perdue. Je vis qu'il gardait l'empreinte de plusieurs rats sur ses habits noirs. Il avait le coeur gros de vengeance... Ah ! comme ses yeux se tournaient avec amour vers la boutique d'un épicier dont les sébiles étaient pleines de fusées, de billes ; et où, derrière les carreaux, se trouvaient deux battes bien crayeuses placées en sautoir.

    -Pourquoi n'as-tu pas de batte? ... lui dis-je.
    Il me regarda fièrement, et me toisa comme M. Cuvier doit mesurer M. Geoffroy-Saint-Hillaire quand celui-ci l'attaque inconsidérément à l' Institut.
    -Imbécile ! ... semblait-il me dire, si j'avais deux sous, ne serais-je pas riant, rigolant, tapant, frappant, criant ? ... Pourquoi me tenter?...

    J'allai chez l' épicier. L'enfant me suivit attiré par mon regard qui exerça sur lui la plus puissante des fascinations. Le gamin rougissait de plaisir, ses yeux s'animaient... Il eut la batte...

    Alors, il la brandit ; et, pendant que je l'examinais, il m'appliqua, dans le dos d'un habit tout neuf,le premier exemplaire d'un rat, en criant d'une voix railleuse :
    -'A la chienlit!...lit!...lit!...
    Je voulus me fâcher. Il se sauva en ameutant les passants par ses clameurs rauques et perçantes... -'A la chienlit!...lit!...lit!...

    Dans cet enfant il y a tous les hommes !.....

    Honoré de Balzac (La caricature, 11 novembre 1830)




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:33

    poesie


    La feuille


    De ta tige détachée,
    Pauvre feuille desséchée,
    Où vas-tu ? - Je n'en sais rien.
    L'orage a brisé le chêne
    Qui seul était mon soutien.
    De son inconstante haleine
    Le zéphyr ou l'aquilon
    Depuis ce jour me promène
    De la forêt à la plaine,
    De la montagne au vallon.
    Je vais où le vent me mène,
    Sans me plaindre ou m'effrayer:
    Je vais où va toute chose,
    Où va la feuille de rose
    Et la feuille de laurier.

    Antoine Vincent Arnault (1766 - 1834)
    (secrétaire perpétuel de l'Académie Française)





     

     

    poesie

    19/05/2005 22:32

    poesie


    Les Yeux d'Elsa


    Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
    J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
    S'y jeter à mourir tous les désespérés
    Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

    À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
    Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
    L'été taille la nue au tablier des anges
    Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

    Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
    Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
    Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
    Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

    Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
    Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
    Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
    L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

    Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
    Par où se reproduit le miracle des Rois
    Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
    Le manteau de Marie accroché dans la crèche

    Une bouche suffit au mois de Mai des mots
    Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
    Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
    Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

    L'enfant accaparé par les belles images
    Écarquille les siens moins démesurément
    Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
    On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

    Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
    Des insectes défont leurs amours violentes
    Je suis pris au filet des étoiles filantes
    Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

    J'ai retiré ce radium de la pechblende
    Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
    Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
    Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

    Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
    Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
    Moi je voyais briller au-dessus de la mer
    Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

    Louis Aragon




     

     

    poesie

    19/05/2005 22:32

    poesie


    Vers à danser


    Que ce soit dimanche ou lundi
    Soir ou matin minuit midi
    Dans l'enfer ou le paradis
    Les amours aux amours ressemblent
    C'était hier que je t'ai dit
    Nous dormirons ensemble

    C'était hier et c'est demain
    Je n'ai plus que toi de chemin
    J'ai mis mon coeur entre tes mains
    Avec le tien comme il va l'amble
    Tout ce qu'il a de temps humain
    Nous dormirons ensemble

    Mon amour ce qui fut sera
    Le ciel est sur nous comme un drap
    J'ai refermé sur toi mes bras
    Et tant je t'aime que j'en tremble
    Aussi longtemps que tu voudras
    Nous dormirons ensemble

    Louis Aragon (Le fou d'Elsa)




     

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